"Le dossier de Louis MARCHAIS est
bref. Il porte qu'il a 38 ans, qu'il est meunier et qu'il a
monté la garde avec une cocarde blanche. Ces griefs semblent
insuffisants pour expliquer la présence de son nom en
tête
de la sanglante liste. Un de nos amis, qui est un des hommes
à
connaître le mieux l'histoire du Marais septentrional de la
Vendée, a bien voulu compléter nos renseignements
à son sujet.
« Louis MARCHE, vulgo MARCHAIS, né
à
Saint-Hilaire-de-Riez, le 30 novembre 1757, était d'une
nature
robuste et ardente. Il fut un des premiers paysans qui se
groupèrent autour du perruquier GASTON de Challans et qui,
après la défaite de celui-ci,
arrachèrent le
chevalier CHARETTE à sa retraite de Fonteclose
qu’ils
forcèrent par des menaces de se mettre à leur
tête.
Il se faisait remarquer par son exaltation antirépublicaine
et,
avant son départ de sa paroisse natale s'était
montré l'adversaire implacable du curé
constitutionnel.
Après avoir guerroyé pendant quelques mois, il
tomba
entre les mains des Bleus, qui le conduisirent à Challans,
d'où il fut dirigé sur Noirmoutier, le 9
ventôse an
II, avec un convoi de 22 autres prisonniers.
Louis MARCHAIS,
que l'on interroge le 25 messidor, était détenu depuis
cinq mois sans savoir pour quels motifs. Il n'a jamais fourni de farine
aux Brigands, il n'a jamais crié : Vive le Roy ! Il a
monté la garde une fois, armé d'un fusil et portant au
chapeau une cocarde blanche en papier. »"
Voilà ce que j’ai pu lire sur mon
ancêtre Louis MARCHAIS sur l’article du Dr VIAUD-GRAND-MARAIS
publié dans la Revue de Bretagne et de Vendée de
1881
intitulé « NOIRMOUTIER, le 16 thermidor an II
» sur
les pages 195-196. Cet article est publié en 2 parties de la
page 109 à 121 et de la page 193 à 207.
Lorsque quelques années plus tôt,
j’avais lu sur l’acte de mariage de sa fille Marie Françoise MARCHAIS avec Louis BIRON (mes ancêtres sosas n° 45 & 44), en date du 14 octobre 1807
à
Saint Hilaire de Riez, la mention «
décédé
à Noirmoutier le 15 thermidor de l’an
deuxième de
la République suivant les témoignages des sieurs
Jérôme MARCHAIS farinier et de Charles Benoist MARCHAIS de
Pierre Charles MARCHAIS et d’André BOUCART
demeurant en
cette commune », je ne me doutais pas du pourquoi et du
comment
de ce décès à Noirmoutier. Je
supposais tout de
même un quelconque rapport avec les troubles
vendéens.
En 2008, je tombe donc sur le fameux article du Dr VIAUD GRAND-MARAIS dont les pages 116 à 120 me donnent toute
l’histoire de mon aïeul Louis MARCHAIS.
En résumé j’apprends qu’il
est
condamné à mort par la commission militaire le 16
thermidor an II à Noirmoutier pour avoir :
« - eu des intelligences avec
les brigands de la
Vendée,
- suivi ces mêmes brigands aux
divers combats qu'ils ont eu
avec
les armées de la république, étant
armé de
fourche et de fusil, avec quel arme il a fait couler le sang des
défenseurs de la patrie,
- par sa conduite ou conseils,
provoqué au
rétablissement
de la royauté, et à la destruction de la
Liberté,
de l'Egalité, à l'anéantissement de la
République Française. »
Il est fusillé avec les 21 autres condamnés sur
la dune
de la Claire à Noirmoutier le 16 thermidor an II (3
août
1794) à 16 heures :
«
Une fois dans les dunes, les condamnés obliquèrent
à gauche pour gagner la Grande-Parée qui fait face
à la propriété de la Garennerie et longe la mer
pendant environ 200 mètres. Ils poussèrent au-delà
de l'ancien corps-de-garde, et s'arrêtent, à
l'extrémité nord-ouest de cette parée,
appelée aussi par les paysans le Champ-des-Morts, les restes des
victimes de Banzeau y ayant été transportés
(exécutés en janvier 1794).
Là
se voit, du côté de la mer, un talus de sable où
croissent des immortelles. C'est au pied de ce talus que furent
conduites les victimes. Deux fosses les y attendaient ; il était
quatre heures du soir.
L'exécution
fut atroce, les malheureux achevés dans des conditions
effroyables. Les corps furent jetés les uns sur les autres
et recouverts d'une légère couche de sable. »
« Les
condamnés furent liés deux à deux dans la cour du
Château. Les femmes étaient vêtues de blanc , dit
une tradition et chantèrent des cantiques et le Magnificat
jusque sur le bord de la fosse. Comme le cortège funèbre,
dit un témoin passait en face de l'église, une jeune
fille, la plus jeune des condamnées, se mit à
éclater en sanglots. Sa soeur l'embrassa et lui dit : Ne pleure
pas , petite ce soir nous coucherons chez le Bon Dieu. Le convoi passa
devant le prieuré , suivit la rue du Grand Four et le chemin du
Bois de la Chaise jusqu'au carrefour de la Croix de St André, la
ferme de la Bosse et le Chemin Neuf : La Claire !
C'est là, au bas du talus de sable une tranchée, les
soldats alignent les condamnés. Un silence. Feu. De grands cris
. Quelques uns seulement blessés par la fusillade se
débattent. On les assomme du revers des crosses. Sur les
cadavres une mince couche de sable fut épandue. » (témoignages de personnes ayant assistées à la scène)
Louis MARCHAIS laisse alors une veuve de 32 ans, Françoise VAIRON et deux fillettes : Marie Françoise 3
ans et Louise Françoise 18 mois.
Après quelques recherches supplémentaires sur
Internet, je trouve sur le site de l’association « le
Souvenir Vendéen
» qu’à l’endroit où
mon aïeul et
les autres condamnés furent fusillés, une croix
commémorative avait été
élevée par
les « Amis de Noirmoutier » le 3 août
1960, croix
nommée la Croix du Magnificat, chant entonné par
les
condamnés juste avant leur supplice, puis une plaque fut
apposée le 20 juin 1976 (cette croix se situe
Allée
Pierre L’Hermite au Vieil).
Sources :
· Archives
Départementales de Vendée ( Etat Civil )
· Revue du Bas Poitou de 1914
· Revue de Bretagne et de
Vendée de 1881
· Site du « Souvenir
Vendéen »
-
http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/09/10/27990682.html
- Le drame de La Claire : (Noirmoutier le 16 Thermidor An II) 3 août 1794 - Dr. Viaud-Grand-Marais (
AD 85 BIB 706-1-2)