Les troubles insurrectionnels de mars 1793 sont les prémices de
ce que l’on nomme aujourd'hui communément la guerre de
Vendée. Celle-ci fut en son temps (avant la guerre de 1914-1918) et en certains lieux, aussi dite la grande guerre.
L'insurrection est survenue dans un territoire, nommé peu après la « Vendée militaire ». De ce territoire est issu un grand nombre de mes ancêtres. Iceux
ont été amenés à participer, subir, fuir,
ou simplement vivre cette période historique.
Cet exposé, réalisé avec
mon humble point de vue de généalogiste du 21ème
siècle et mes connaissances historiques autodidactiques,
me permet donc de mettre en parallèle les données
contextuelles du début de cette insurrection avec mes
ancêtres vivants alors sur ledit territoire insurgé.
Le
contenu de mon propos, dans sa première partie, sera parsemé de citations glanées
dans les nombreux écrits sur ce large épisode de
l’Histoire de la Vendée.
Sommaire
Première partie
Mars 1793, premiers soulèvements en « Vendée militaire »
- Des causes
- Les premiers troubles
- Un territoire
- Les chefs vendéens
Sources
Seconde partie
Mars 1793, mes ancêtres en « Vendée militaire »
- Des chiffres
- Des lieux et des vies
- Conclusion
Première partie
Mars 1793,
premiers soulèvements en « Vendée militaire »
Des causes
Les causes sont
nombreuses, discutables et encore discutées aujourd’hui,
je ne m’étendrais donc pas sur ce vaste sujet. Je dirais
simplement qu’il s’agit surtout d’une accumulation
d’actes et de faits qui amène à
l’insurrection vendéenne en mars 1793.
Les
lois et décrets sur la réforme du clergé (1790
à 1792), puis l’exécution du roi le 21 janvier
1793, attisent des braises qui ne demandent qu’à
s’enflammer.
«
La Vendée étoit restée chrétienne et
catholique ; en conséquence, l’esprit monarchique vivoit
dans ce coin de la France. Dieu sembloit avoir conservé cet
échantillon de la société, afin de nous apprendre
combien un peuple à qui la religion a donné des lois, est
plus fortement constitué qu’un peuple qui s’est fait
son propre législateur. »
«
Sans les troubles religieux qui exaltèrent les vendéens,
sans leur dévoûment à leurs prêtres, aucune
puissance sur la terre n'eût été capable de les
mouvoir ni de placer dans leurs mains les armes avec lesquelles ils
prétendaient se faire les vengeurs de la religion. »
«
L’effervescence causée par cette scission religieuse
arriva bientôt à son paroxysme. Tout présageait une
crise prochaine. Il ne fallait plus qu’un motif décisif
pour la faire éclater quand la révolte est dans tous les
cœurs, l’occasion ne leur manque jamais. »
Selon
son degré de religiosité, certains désignent les
vendéens insurgés comme de fervents catholiques et
d’autres, à l’extrême, les traitent de
fanatiques religieux !
La
goutte qui fit déborder le vase est le décret du 24
février 1793 de la Convention, instaurant une levée de
300 000 hommes de 18 à 40 ans sur tout le territoire national pour servir dans l'armée. Le
règlement de la levée prévoyait, en cas
d’insuffisance des volontaires, le recours au tirage au sort ou
à l’élection pour désigner les recrues
manquantes.
« Cette loi excita un mécontentement général parmi
les paysans de la Vendée, passionnément attachés
au sol et aux habitudes de leur pays, et qui ne perdent jamais sans
regret la vue du toit paternel ».
«
Pour exécuter la levée en masse d’une population
aussi originale et si profondément religieuse, il eut fallu chez
les mandataires de la Convention, improvisés homme d’Etat
en quelque sorte à coups de hache, des notions ethnographiques
qui leur manquaient absolument, et qui leur eussent permis
peut-être d’amener sans secousse la Vendée
autoritaire et autocratique à une évolution pacifique
vers les libertés républicaines. »
«
Le peuple de Vendée a pris les armes pour deux raisons : la
première, sa religion …, la seconde, pour
s’exempter de tirer à la milice. Jamais il ne s’est
armé pour son roi, le genre de gouvernement lui importe peu,
pourvu qu’on ne l’opprime pas, pourvu qu’il puisse
s’occuper de ses intérêts. »
«
Si on eût laissé aux Vendéens les prêtes insermentés, qu'ils appelaient
leurs "bons prêtres", et qu'on ne leur eût pas demandé leur contingent
dans la levée de 300 000 hommes, il n'y aurait eu ni troubles, ni
insurrection, ni guerre civile. Le royalisme n'y était pour rien. »
«
C’est une grave erreur de croire que la Vendée s’est
révoltée pour les nobles, et que c’est par eux que
le soulèvement a été préparé. Tous
les gentilshommes qui devinrent plus tard les principaux chefs de
l’armée vivaient alors dans la retraite et
l’obscurité. »
Les premiers troubles
«
Dès le 1er mars, les paysans des environs de la Roche sur Yon
avaient fait sonner le tocsin, et s’arment sous les ordres de
Bulkeley, seigneur de la Brossardière en St André
d’Ornay. »
«
Dès le 2 mars, le soulèvement concerne une douzaine de
commune au nord des Sables d'Olonne mais il est contenu, dans un
premier temps, par les gardes nationaux. »
« Dès le 3 mars, des attroupements séditieux avaient eu lieu dans les environs de la Mothe-Achard. »
« Le 4 mars, échauffourée sanglante à Cholet contre la levée des volontaires. »
«
... le bruit se répand que Tiffauge, Jallais, Saint-Florent,
sont envahis par des rassemblemens nombreux, et que Mortagne, Clisson,
Montaigu, Chemillé, sont menacés. »
« le sang a déjà coulé dans une paroisse voisine de Châteauneuf ; il
se forme partout des rassemblements effrayants, des citoyens
armés de bâtons, excités par les malveillants, se
liguent pour s'opposer à l'exécution de la loi du 24
février. »
« l'orage grossit, l'insurrection éclate de toutes parts, le tocsin sonne dans plusieurs paroisses. »
«
Dans la nuit du 9 au 10 mars une centaine de jeunes gens des environs
des Quatre-chemins et de St Fulgent s’étaient
assemblés au Moulin Dria, pour concerter dans un plan commun
leur résolution bien arrêtée de ne pas se
présenter au tirage prochain, et le 11 se joignirent aux
insurgés qui, le jour de la foire de l’Oie,
enlevèrent le poste républicain à l’aide
d’un stratagème. Le 11, la région de Vieillevigne
est en insurection. »
« le 11 mars, le feu est au district de Challans, plusieurs bons
citoyens ont été indignement massacrés et leurs
corps jetés dans les rues, les insurgés sont au nombre de
plus de trois mille, le tocsin de la révolte a sonné
toute la soirée dans plus de six paroisses de ce malheureux
district. »
Le tocsin sonne et
appelle les paysans aux armes, aux quatre coins d’un large
territoire qui deviendra la « Vendée militaire » (défini ci-après). L’insurrection gagne comme une trainée de poudre …
«
Des prêtres scélérats, abusant de la
crédulité des habitans du pays, parvinrent à les
soulever, au nom de la religion, contre l’autorité
nationale. »
«
A la voix des prêtres insermentés, le fanatisme avait
allumé ses torches, les Vendéens coururent aux combats
contre leurs frères … »
Au
départ, cette insurrection ne diffère guère des
autres insurrections qui se développent en France à la
même période. Partout ailleurs, les troupes
républicaines viennent à bout des émeutes. Au
contraire, en Vendée militaire les soldats républicains
de métier sont défaits.
Le 13 mars, depuis les Sables d'Olonne, le receveur des domaines de
Challans prévient le directeur de l'Enregistrement à
Nantes qu'il a dû quitter son poste et se réfugier aux
Sables d'Olonne avec 300 habitants face aux "rebelles".
Le 15 mars à Niort, le directoire des Deux Sèvres prévient celui de la Charente :
«
une insurrection, on ne peut plus considérable, a
éclaté dans le département de la Vendée, de
la Loire Inférieure et dans celui de Maine et Loire. Les
districts de Machecoul, Challans, Montaigu et Cholet sont
brûlés. »
Le même jour à Angers, le conseil général de
Maine et Loire envoie au ministre de la Guerre un nouveau point sur la
situation du département :
« Ce n'est plus une insurrection, c'est une guerre ouverte qui couvre notre département. »
«
la rapidité et l’élan de l’insurrection, le
petit nombre de gardes nationales et des troupes qui se trouvaient dans
les départements de l’ouest, l’incapacité des
généraux et la mauvaise qualité des troupes
qu’on y envoya ensuite, permirent aux vendéens de
surprendre les villes où dominaient les « bleus »,
c’est-à-dire les partisans de la révolution,
perdues comme des ilots au milieu des campagnes insurgées.
»
«
En moins de 10 jours, l’insurrection s’était
étendue sur la surface entière de la Vendée
militaire. Les insurgés prenant confiance dans leurs forces
naissances menaçaient au sud Luçon et les Sables
d’Olonne et au nord la ville de Nantes. »
« Face à l'inertie révolutionnaire, les
insurgés du mois de mars ont agi très vite. Ils ont
cherché à s'identifier comme combattants à part
entière et à se doter de structures propres aux
armées. »
«
La tactique des blancs, les Vendéens insurgés, est des
plus simples : marcher droit sur les bleus, soldats de la
république, et les assaillir à coups de fusil. Tireurs
rapides et inévitables, leurs victoires étaient au plus
haut point meurtrières ; tandis que, vaincus, ils
disparaissaient en un clin d’œil, dans un labyrinthe de
bois, gorges et buissons, dont tous les sentiers leur étaient
connus. »
Ainsi débute le
premier et plus important épisode des guerres de Vendée.
Cet épisode durera jusqu'en mars 1796. Les autres
épisodes se dérouleront en 1815 et 1832, d'où le
pluriel du mot guerre. Ce pluriel est souvent mal utilisé pour
ne parler que de ce premier épisode …
Un territoire
Le théâtre
de l’insurrection vendéenne s’étend sur un
espace compris entre 4 lignes inégales :
- L’une au nord depuis Saumur en descendant la Loire jusqu’à Paimboeuf,
- De ce point jusqu’aux Sables d’Olonne, les côtes de la mer en forment la limite occidentale,
- Celle du sud, des Sables à Parthenay,
- Et la route qui
remonte directement au nord en partant de cette dernière ville
jusqu’à Saumur, marque la barrière où
s’est arrêtée l’insurrection du
côté de l’est.
«
Dans cette zone géographique, le défaut de mouvement et
de communications avec le reste de la France entretenait dans ces
tristes campagnes les habitudes routinières, la paresse des
idées, l’aversion des choses nouvelles. Les petites villes
où l’éducation avait policé les mœurs
et éclairé les esprits, restèrent constamment
opposées au mouvement insurrectionnel. »
«
La Vendée, dit M. THIERS, était la partie de la France
où le temps avait le moins fait sentir son influence et le moins
altéré les anciennes mœurs. Le régime
féodal y était empreint d’un caractère tout
patriarcal, et la révolution, loin de produire une
réforme utile dans ce pays, y avait blessé les plus
douces habitudes et y fut reçue comme une
persécution… »
«
le pays n’est traversé que par les routes royales passant
l’une par Mortagne (venant de Nantes), les Herbiers, les
Quatre-chemins de l’Oie, les Essarts, la Roche sur Yon et les
Sables d’Olonne ; l’autre par Chaillé-les-Marais
(venant de la Rochelle), Sainte-Gemme-la-Plaine, Saint-Hermand (rattaché en 1808 à Sainte-Hermine),
Chantonnay, les Quatre-Chemins, St Fulgent et Montaigu. Ces deux routes
sont reliées entre elles ou plutôt coupées par de
nombreux chemins communaux raboteux et auxquels venaient
s’enchevêtrer des milliers de sentiers étroits,
tortueux, sorte de défilés constituants dans leur
ensemble un labyrinthe obscur, inextricable et profond, dans lequel une
armée ne pouvait en quelque sorte marcher qu’à
tâtons et sans se déployer. »
Ce territoire ainsi défini est donc la Vendée militaire.
Le
département, dont le nom s’est étendu à la
totalité de la zone insurgée, ne pris pas tout entier part
à la guerre civile. Fontenay, son chef-lieu à
l’époque, est au-delà des limites indiquées
ci-dessus.
Ce territoire renferme en outre des portions de trois autres départements limitrophes, Loire Inférieure (aujourd’hui Loire Atlantique),
Maine et Loire et Deux-Sèvres dont les capitales, Nantes, Angers
et Niort, et les places fortes républicaines : Saumur,
Thouars, Parthenay, Luçon et les Sables-d'Olonne sont
également en dehors de la Vendée militaire.
Le territoire insurgé compte environ 755 000 habitants.
Les insurgés ayant
trouvés leurs chefs, la Vendée militaire est ensuite naturellement divisée en 3 zones, et en 3 corps d’armée qui forment « l'armée catholique et royale » :
- La Haute Vendée à l’est, avec la Sèvre nantaise pour limite (parties du Maine et Loire, les Mauges, et des Deux-Sèvres), cette dernière sera couverte par l’armée dite d’Anjou et du Haut-Poitou ou encore simplement « armée d’Anjou ».
- La basse Vendée à l'ouest, de l’océan à la route de Nantes à la Rochelle (Pays de Retz et Vendée de l’ouest), couverte par l’armée dite du Bas-Poitou et Pays de Retz ou encore simplement « armée du marais ».
- La Vendée centrale
entre les deux, adossée à la Sèvre nantaise
à l'est, le bocage jusqu'à l'Yon vers l'ouest et la
vallée du Lay au sud (bocage vendéen). Cette dernière sera couverte par l’armée du centre ou la « grande armée » (à
noter que cette dénomination aura été donnée
aux vendéens avant qu’elle ne le soit pour
l’armée napoléonienne plus tard !).
Les chefs vendéens
Au-delà des « petits » chefs que les insurgés se trouvent dans chaque district, voir chaque commune (les compagnies de paroisse), lors des prémices insurrectionnels, voici la liste en mars 1793 des principaux chefs qui formèrent ensuite rapidement l’armée catholique et royale, selon les zones géographiques citées ci-dessus.
Carte de la Vendée militaire et de ses principaux chefs
source : le blog
Vendéens et Chouans (
j'y ai ajouté SAINT-ANDRE & GASTON)
En Haute Vendée
Jean-Nicolas STOFFLET,
(né le 3 février 1753 à Bathelémont
(Meurthe et Moselle) et mort fusillé le 25 février 1796
à Angers (Maine et Loire) à l'âge de 43 ans).
Longtemps simple soldat
dans un régiment suisse en France et ensuite garde-chasse au
service du comte de Colbert à Maulévrier (Maine et
Loire), il rejoignit les insurgés vendéens en mars 1793. Il sert
d'abord sous le commandement de Maurice d'ELBEE.
Jacques CATHELINEAU,
(né le 5 janvier 1759 au Pin en Mauges (Maine et Loire) et mort
le 14 juillet 1793 à Saint Florent le Vieil (Maine et Loire)
à l'âge de 34 ans).
Le 10 mars 1793, des
jeunes gens du district de Saint Florent le Vieil rassemblés
pour tirer au sort, se soulèvent contre l'autorité,
battent et dispersent la force armée, puis retournent
tranquillement chez eux. CATHELINEAU, instruit de ces
événements, abandonne sa chaumière, rassemble ses
voisins et les persuade que le seul moyen de se soustraire au
châtiment qui les attend est de prendre ouvertement les armes et
de chasser les républicains. Le 12 mars, il prend l'initiative
de réunir tous les hommes valides de son village pour affronter
les républicains.
Maurice Joseph Louis GIGOST d’ELBEE,
(né le 21 mars 1752, à Dresde (Allemagne - d'une
famille française établie en Saxe) et meurt le 9
janvier 1794, fusillé à Noirmoutier (Vendée)
à l'âge de 41 ans).
Après plusieurs
années au service des armées de Saxe, il vint en France
en 1777 et y fut naturalisé. Entré dans un
régiment de cavalerie, il parvint au grade de lieutenant, donna
sa démission en 1783. Marié en 1788, il se retire dans un
bien de campagne près de Beaupréau (Maine et Loire).
C'est là, qu'en mars 1793, les
paysans le décidèrent à se
mettre à leur tête. Sa troupe se grossit de celles de
BONCHAMPS, CATHELINEAU et STOFFLET. Il servit d'abord sous CATHELINEAU.
Charles Melchior Artus de BONCHAMPS,
(né le 10 mai 1760 à Juvardeil (Maine et Loire) et mort
le 18 octobre 1793 à Varades (Loire Atlantique) à
l'âge de 33 ans).
Il sert avec
distinction lors de la guerre d'indépendance des
États-Unis. Il est capitaine au régiment d'Aquitaine,
lorsque la Révolution française, à laquelle il est
hostile, lui fait quitter le service en 1791, après avoir
refusé de prêter serment à la Constituante. Il se
retire dans son château, La Baronnière, à la
Chapelle Saint Florent près de Saint Florent le Vieil ; c'est
là que les insurgés de la Vendée viennent le
chercher pour le mettre à leur tête.
Louis-Marie de Salgues, marquis de LESCURE,(né
à l'hôtel Montaigu, rue des fossoyeurs à Paris
(aujourd'hui Rue Servandoni dans le 6ème) le 15 octobre 1766 et
mort
à La Pellerine (Mayenne), le 4 novembre 1793 à
l'âge de 27 ans).
Issu d'une famille désargentée, il fut élève de l'École militaire.
Il obtint, peu de temps avant la Révolution française,
une compagnie de cavalerie dans le régiment de
Royal-Piémont. Aux débuts de la Révolution,
ce jeune officier, au goût très prononcé pour les
études, parlant trois langues et d'une très grande
culture, n'est pas tout à fait hostile aux idées
nouvelles. Après la fuite manquée de Varennes, il
émigre, pour une courte durée, en juin 1791. À son
retour, engagé dans la garde royale, il participe à la
défense des Tuileries, lors de la journée du 10
août 1792. Retiré dans son château de Clisson
à Boismé, près de Parthenay (Deux Sèvres),
il accueille nombre de ses parents et amis qui fuient Paris.
En mars 1793, les paysans des environs de
Châtillon se rendent à Clisson, chez LESCURE, chercher la
ROCHEJAQUELEIN, son cousin, propriétaire dans une de leurs
paroisses.
Il n'hésita
point sur le parti qu'il devait prendre, et M. de LESCURE (son
père) l'y encouragea. M. de la ROCHEJAQUELEIN se rendit vers
Châtillon ; mais les paysans des environs de Clisson ayant
commencé par se soumettre, M. de LESCURE, qui ne pouvait
s'éloigner du canton où son influence devait être
utile, resta exposé aux poursuites des autorités
républicaines : il fut, avec toute sa famille, emmené en
prison à Bressuire. Quoiqu'il fût
vénéré des habitants de cette bourgade, et que les
principaux d'entre eux n'eussent d'autre désir que de le sauver,
ce fut presque par miracle qu'il échappa aux violences des
soldats accourus en hâte pour combattre les insurgés. Au
bout de quelques jours, il fut délivré par l'armée
vendéenne qui s'empara de Bressuire. Dès lors, il fut
compté parmi les premiers chefs de cette armée, à
laquelle se joignirent les paysans de son canton.
Henri du Vergier, comte de La ROCHEJAQUELEIN,
(né le 30 août 1772, au château de la
Durbelière, à Saint Aubin de Baubigné
(Deux-Sèvres) et tué le 28 janvier 1794, à
Nuaillé (Maine et Loire) à l'âge de 21 ans).
On le vit en effet,
dans le Poitou, déplorer les suites du premier
soulèvement de Bressuire (Deux-Sèvres) en août 1792, où les paysans royalistes
viennent d'être défaits par les révolutionnaires.
La ROCHEJAQUELEIN
se retire dans la terre de Clisson à Boismé, près de Parthenay, chez le
marquis de LESCURE, son parent
et son ami : unis tous deux par les mêmes sentiments, à
peu près du même âge, ayant les mêmes
intérêts, ils aspirent secrètement au projet de
participer au rétablissement de la monarchie qui menace
d'être ruinée. Ils n'apprirent que par des bruits vagues
le nouveau soulèvement du 10 mars 1793.
Ils flottent entre l'espérance et la crainte, lorsqu'un paysan de Châtillon vient annoncer à La ROCHEJAQUELEIN
que les habitants des paroisses voisines, impatients de se
réunir aux insurgés, courent aux armes et le demandaient
pour chef. LESCURE veut le suivre.
François Jean Hervé de LYROT
(né le 26 août 1732 à Nantes (Loire Atlantique) et
mort le 23 décembre 1793, à la bataille de Savenay (Loire Atlantique) à l'âge de 61 ans).
Alors qu'il a presque
61 ans, il prend la tête des mécontents de sa
région, se lance dans la révolte et menace Nantes. Dans
un premier temps, il est officier dans l'armée de BONCHAMPS.
En 1793, LYROT commande
les troupes royalistes des environs du Loroux-Bottereau, de Vertou,
Vallet, Clisson et Aigrefeuille sur Maine.
Gaspard Augustin René Bernard de MARIGNY,
(né à Luçon (Vendée) le 2 novembre 1754, et
mort à Combrand (Deux-Sèvres) le 10 juillet 1794 à
l'âge de 39 ans).
MARIGNY était
un cousin et un ami de LESCURE. Lorsque la guerre de Vendée
éclata, il rejoignit les insurgés après avoir
été libérés par eux à Bressuire et
se retrouva général d'artillerie.
En Vendée centrale
Charles Aimé de ROYRAND,
(né le 14 mars 1726 à Saint Fulgent (Vendée) et
mort le 5 décembre 1793 à Sermaise près de
Baugé (Maine et Loire) l'âge de 67 ans).
Lieutenant-colonel en
retraite depuis 1785, il habitait un château près de
Saint Fulgent lorsqu'éclata la guerre de Vendée. Il
hésita avant d’accepter le commandement que les paysans
lui offrirent en mars 1793. Il
reçut le commandement de l'Armée catholique et royale du
Centre, il avait alors 67 ans.
Louis Célestin SAPINAUD,
chevalier, seigneur de La Verrie, dit « Le chevalier de La Verrie »,
(né le 5 novembre 1739 au Bois-Huguet à
Saint Hilaire de Mortagne (aujourd'hui Mortagne sur Sèvre -
Vendée) et tué le 25 juillet 1793 à la bataille du
Pont-Charrault (aujourd'hui à Chantonnay - Vendée) à
l'âge de 53 ans).
Le chevalier de la Verrie est un ancien militaire de
carrière en retraite, il fut garde du corps pendant 25 ans.
Les paysans du bocage viennent le chercher en sa demeure du Bois-Huguet le 12 mars 1793 pour le porter à leur tête.
Amédée-François-Paul de BEJARRY (né
le 25 janvier 1770 à Luçon (Vendée) et
décédé en cette ville le 10 mai 1844,
à l'âge de 74 ans).
Cousin par sa mère de MARIGNY. Il est très attaché à la royauté et combat dans l'armée vendéenne où il est d'abord secrétaire-conseil de ROYRAND.
En Basse Vendée
Louis-Marie, marquis de La Roche SAINT-ANDRE dit « Le marquis de Saint-André »,
(né à Fresnay-en-Retz (Loire-Atlantique) le 23 mars 1751
et mort à Savenay (Loire-Atlantique) le 23 décembre 1793
à l'âge de 42 ans).
Il demeurait
ordinairement au manoir des Planches, à La Garnache
(Vendée). Le 12 mars 1793, ayant trouvé porte close
à Fonteclose, le manoir de CHARETTE, des paysans vendéens
arrivent aux Planches pour demander Louis-Marie afin d'en faire leur
chef. Sur son refus, ceux-ci l’emmènent de force et c'est
en robe de chambre qu'il arrive au comité royaliste de
Machecoul. Dès le lendemain, il seconde déjà Louis
GUERIN (1766-1795), du pays de Retz, lors de la prise du Bourgneuf, mais ne se compromet pas dans les
assassinats qui y sont commis.
François Athanase CHARETTE de
La Contrie, (né le 2 mai 1763 à Couffé (Loire
Atlantique) et mort fusillé le 29 mars 1796 sur la place Viarme
à Nantes (Loire Atlantique) à l'âge de 32 ans).
Le 27 mars 1793, dans
la région de Machecoul où des républicains ont
été massacrés, CHARETTE accepte de se mettre
à la tête de paysans du marais breton venus chercher son
commandement au manoir de Fonteclose sur la commune de la Garnache,
proche de Challans. Ces hommes viennent de subir la défaite de
Pornic, et ont perdu leur chef, Louis-Marie de La Roche SAINT-ANDRE,
rendu responsable de leur échec.
Jean-Baptiste Joseph JOLY,
(né le 18 janvier 1738 au Cateau-Cambrésis (Nord) et mort
le 27 juin 1794 à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée)
à l'âge de 56 ans).
Il s'engage dans
l'armée dès 18 ans en mentant sur son âge. Il sert
sous les ordres d'André SERVANTEAU, seigneur de Coëx et
autres lieux (Vendée). Ce dernier lui propose de devenir le régisseur de ces domaines,
JOLY arrive donc en Vendée avant 1771 (année de
décès de SERVANTEAU), il vit alors sur la paroisse de
Coëx, puis en 1784 à la Chapelle Hermier.
Sous la
Révolution, il devient procureur de La Chapelle Hermier mais est suspendu pour avoir caché un
prêtre réfractaire.
Dès le
début de la guerre de Vendée, il prend la tête de 5
000 à 6 000 paysans et marche contre les Sables d'Olonne qu'il
attaque à deux reprises en mars 1793.
Jean-François GASTON, (né vers 1766 et fusillé
le 15 avril 1793 à Saint Gervais (Vendée)
à l'âge d'environ 26 ans).
Il fut le premier chef vendéen insurgé, dès le
printemps 1791, avec les paroissiens de Saint Christophe du Ligneron
(Vendée). Pourtant, il semble qu'il fut d'abord tambour de la
garde nationale (son origine est toujours inconnu ...),
mais qu'aux premiers troubles, le 2 mai de l'année 1791, il
resta prudemment chez lui, car ces premiers troubles étaient
religieux et il avait ses convictions.
Mais les jeunes Ligneronnais en firent leur chef insurgé, car ce
perruquier de métier ne manquait pas d'entregent, joli de
figure, beau parleur et toujours somptueusement habillé ! Aussi,
en mars 1793, avec sa vingtaine d'hommes, il se rallia au chef
Jean-Baptiste JOLY, de La Chapelle Hermier. Il prit part aux deux
attaques des Sables d'Olonne, qui furent des échecs cuisants.
Louis-François Charles Ripault de La CATHELINIERE,
(né le 19 août 1768 au manoir de la Mégerie
à Frossay (Loire Atlantique) et décédé le 2
mars 1794, exécuté à Nantes (Loire
Atlantique), à l'âge de 25 ans).
Originaire du pays de Retz, alors âgé de 24 ans, La CATHELINIERE s'empara de Port Saint Père (Loire Atlantique) au début de la guerre de Vendée.
SOURCES