Avant de retracer la vie
de Théophile,
je dois expliquer comment en 2011, par hasard, je suis
"tombé" sur cet oncle anglais.
Lors
de recherches aux
Archives Départementales de Vendée à
la Roche sur
Yon, j'avais comme voisin de table, Monsieur Jean-Michel CAQUINEAU,
adhérent comme moi du Cercle
Généalogique
Vendéen. Il me présente alors une feuille de
brouillon, déja imprimé en
verso, et là
je retrouve Françoise
Ernestine CAQUINEAU, née en 1855
à Damvix (85), fille de Jean
(1810 - 1890) et de Véronique
MITTARD (1822 -
1892) mes aïeux, la tante maternelle de mon
arrière grand père Augustin
BOUCHET (1882 -
1957). Jusque lors, cette dernière était une de
mes collatéraux pour laquelle je n'avais pas de devenir. En
effet sa dernière trace datait du recensement de population
de
1866 à Damvix, elle avait alors 11 ans à peine.
Sur cette feuille, j'apprends de façon partielle qu'elle a
épousée en 1880 un anglais, Théophile
EAST, natif
de Croscombe. Monsieur CAQUINEAU
me dit alors qu'il n'a pas investigué plus cette union.
En résumé, je me retrouve avec cette
collatérale qui s'est unie en 1880 avec un anglais mais
où ? En France ? En Angleterre ??.... Je me retrouvais donc
avec
une nouvelle énigme...
Après
plusieurs mois de recherches je vous propose de suivre la vie de Théophile,
et vous allez pouvoir en savoir plus sur son union avec Françoise
...
Sa famille
... son enfance ...
Théophilus Josiah EAST,
alias Théophile, est
né le 6 janvier 1832 à Croscombe dans le
comté
du Somerset en Angleterre, il est le second fils du
Révérend
John EAST,
pasteur et recteur de la paroisse, et de Anne DAY,
qui se sont mariés le 16 septembre 1823 en
l'église St
Philip et St Jacob de Bristol, comté du Gloucester. John
était alors veuf en premières noces.
en 1834
|
Le
Révérend John
EAST,
baptisé le 28 juillet 1793, fils
aîné de William
de la paroisse St Martin in the Fields de Westminster à
Londres, et d'Ann RIPPEN,
mariés le 23 septembre 1792.
Entre en octobre 1811 à St Edmund Hall,
université d'Oxford,
obtient son Baccalauréat ès Arts (B.A.) en 1816
puis
son Master ès Arts (M.A.) en 1819.
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Le couple EAST
- DAY, a eu
3 filles, baptisées en l'église St
Philip et St Jacob de Bristol :
- Ann Eliza Eunice le
2 mai 1825
- Mary Wilie le 22
juillet 1826
- Julia Baker le 28
décembre 1827
Le couple EAST - DAY
s'installe à Croscombe vers 1828-1829, à une
petite quarantaine de kilomètres de Bristol.
Théophile a un
frère ainé, John
Wilie alias
James,
né le 21 octobre 1829 à Croscombe.
Ce dernier fera carrière dans la Royal Navy : Aspirant en
1845, sous-lieutenant en 1851, Lieutenant en 1854,
Commandant
en 1863 puis Capitaine en 1871 enfin capitaine à la retraite
en
1884, puis retraité Contre-Admiral en 1888.
Les faits marquants de sa carrière sont les suivants :
- Lieutenant
du
«Hogue» dans l'expédition en mer
Baltique (Guerre de
Crimée) de 1854 à 1856, il participe
à la
capture de Bomarsund (forteresse dans les Iles Âland en
Finlande), où il commandait un groupe de marins aux canons
de la
batterie du Capitaine Ramsay en août 1854, il obtient
la Médaille de la Baltique.
- Il
commandait l'expédition au Niger sur la Côte ouest
de l'Afrique en 1869 sur le "Lynx".
- Capitaine
du "Comus" de
1879 à 1884, il porte assistance à deux navires
américains en détresse au large de
l'île de
Vancouver, les actions pour lesquelles le capitaine a reçu
une
médaille d'or par le Président des
États-Unis ARTHUR
en Octobre 1882, médaille reçue en mars
1884.
- Retraite
de la fonction de capitaine perçue en octobre 1884.
Anne DAY, la
mère de Théophile,
décède à Croscombe le 21 septembre
1836, Théophile
a seulement 4 ans et demi !
Par la suite, la famille EAST
s'installe à Bath à une trentaine de
kilomêtres de Croscombe, où John devient
curé de la paroisse St Michaël de Bath,
dont la
nouvelle église
fut consacrée le
4 Janvier 1837
lors d'une
cérémonie en présence du
maire de la ville.
Grâce à
l'énergie
de
son
curé, l''église
a
élargi
ses activités et
a ouvert une
école dans
Broad Street en
1841 et qui a perduré jusqu'en
1913.
En 1843, John EAST devient
recteur de la paroisse
St Michaël de Bath, quand l'église est devenue une
paroisse
indépendante pour la première fois depuis la
Réforme.
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Ste Mary de Croscombe |
St Michaël de
Bath |
John EAST
est l'auteur de nombreux écrits dont les suivants :
- Le
sabbat-harp : Un choix de la poésie
sacrée (Bristol, 1823)
- Le
Village ou Leçons chrétiennes
: tiré des circonstances d'une paroisse de pays (Bristol,
1831)
- Mon
Sauveur; ou
méditations de dévotion dans la prose et le vers,
sur le
nom et les titres du seigneur Jésus le Christ (Bristol,
1832)
- Paix
dans la croyance, en mémoire d'Ann son
épouse (Bristol, 1837)
- Psalmody
pour l'église : une collection de psaumes et
d'hymnes adaptés pour le culte public (Bath, 1838)
- Aperçus
de l'Irlande en 1847
(Londres et Bath, 1847)
Pour
écrire ce dernier, John
EAST séjourne en Irlande en 1847, où
il est acceuilli par le Révérend TOUWSEND dans sa
résidence à Derry, sur une colline qui surplombe
la petite ville de Rosscarbery.
Le révérend John
EAST,
meurt le 21 février 1856 à Bath à
l'âge de
62 ans, il est enterré dans la crypte de l'église
St
Michaël.
Théophile,
pendant ce temps a grandi ... après le
décès de sa mère, il a dû
être
placé en pension, en effet en 1841, pour le recensement,
à l'âge de 9 ans, on le retrouve
dans la paroisse de Leckhampton, à Charlton Kings dans la
banlieue de
Cheltenham à plus de 80 kilomètres de Bath ... |
Vue des
alentours de Cheltenham |
Ses études
... son mariage ...
Maintenant adolescent, Théophile
s'inscrit en décembre 1849, à lâge de
17 ans au Corpus Christi collège d'Oxford.
Seulement
quelques mois
après, il se marie à l'âge de 18 ans,
le 13 mai 1850 avec Sarah
Ann THOMPSON,
jeune fille de 18 ans aussi, en l'église St Martin in the
Fields de
Westminster à Londres (dans la même
église où ses grand parents se sont
unis en 1792).
Ce mariage précoce est -il un mariage d'amour ou un mariage
arrangé par les familles des jeunes
époux ??
|
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Facade
de St Martin in
the Fields à Westminster, quartier londonnien (en 1888) |
Après cette
union, le couple part s'installer à Bath, près du
père de Théophile,
le révérend John
EAST.
Là, Théophile
continue ses études au Lycée de la ville, The
Bath Grammar school. |
The Bath Grammar school
en 1842 |
Les années passent et en février 1854, Théophile
à l'âge de 22 ans, s'inscrit au Trinity
Collège
à l'université de Cambridge. Il a comme tuteur
Monsieur ATKINSON.
Pendant ses études, Théophile
perds son père en 1856.
Après 4 années d"études, Théophile
obtient son Baccalauréat ès Arts (B.A.)
en mai 1858.
Du point de vue familiale, le couple EAST
- THOMPSON n'a
toujours pas d'enfant après plusieurs années de
mariage.
Après l'obtention de son B.A., Théophile
et son épouse Sarah
Ann partent en France, car "le
climat de l'Angleterre est
nuisible à la santé de cette dernière".
Son
départ et son installation en France
Plage de Dieppe en 1854
|
Le
couple s'installe, dans un premier temps, en juin 1858
à
Dieppe, en Seine Maritime, nouveau lieu de villégiature
à
la mode à cette époque.
6 mois plus tard, le 13 décembre, ils arrivent à Colmar,
dans le Haut-Rhin, où ils habitent au 7 rue de la
vieille poste.
Théophile y est maître
privé de langue anglaise. |
Hôtel
de ville de Colmar |
Dès le 8 mars 1859, Théophile
fait une demande de poste de professeur d'anglais auprès du
ministère de l'Instruction publique.
De part cette demande on apprends : "Quoique
ses revenus lui suffisent pour subsister, il ne peut dans la force de
l'âge, se résigner a passer sa vie à ne
pas
travailler, c'est ce qui fait qu'il prend la liberté
d'offrir
ses services à la France, cette noble et
généreuse
alliée de son pays ..."
Le 30 septembre suivant, il réitère sa demande.
Le couple habite alors 10 rue des Juifs.
Le 14 avril 1860, le ministère de L'Instruction publique lui
donne l'équivalence "basse" de son B.A., le
baccalauréat
ès Lettres.
le 26 juin suivant, suite à cette obtention, il se porte
candidat auprès du ministère pour le poste de la
chaire
d'Anglais du Lycée de Colmar qui va se trouver vacant
à
la fin de cette année. Par un courrier du 4 juillet, le
recteur
d'Académie soutient la candidature de Théophile
avec les éléments suivants :"homme
d'excellente tenue, marié, ayant quelque fortune,
connaissant
suffisament notre littérature et notre grammaire, parlant sa
langue maternelle avec une pureté, pureté qui
rendrait
ses leçons précieuses pour nos
élèves. Si
Mr EAST, ne désirait point rester à Colmar,
où de
graves intérêts le retiennent et où il
est en
grande estime parmi les familles notables appartenant au Commerce et
à l'industrie, je l'aurais proposer pour le Lycée
de
Strasbourg ..."
Le 6 octobre, Théophile
réitère sa candidature. A cet époque
le couple vit au 10 rue Pfeffel.
le 15 octobre, Théophile
obtient par concours et par arrété
ministériel le
certificat d'aptitude à l''enseignement de la langue
anglaise
avec l'appréciation suivante : "style
anglais excellent mais
français incomplet, professeur calme mais très
convenable."
En avril 1861, le recteur d'Academie de Caen, lui attribue un poste de
chargé de cours d'Anglais et d'Allemand au
collège de
Dieppe, suite à la démission du professeur en
poste Mr ARLINGTON.
Théophile
prends son
poste dès le 1er mai, dans cette ville qu'il a connue
quelques
années auparavant lors de son arrivée en France.
Son poste de professeur d'anglais audit collège lui est
attribué par arrété
ministériel dès
le 4 janvier 1862 : Théophile
entre définitivement dans l'instruction publique pour ses 30
ans !!
Sa
carrière ... son tour de France ...
Dès son entrée dans l'instruction publique, Théophile
va changer régulièrement, voir annuellement de
ville,
souvent pour raison familiale. En effet on sait que la santé
de
sa femme Sarah Ann
est fragile, comme le prouve les courriers que Théophile
envois à son administration pour ses diverses demandes ....
Dès le 8 janvier 1862, Théophile
écrit au ministère pour obtenir une chaire de
professeur
d'anglais dans un lycée de France, il demande de
préférence un lycée dans le midi ou
dans l'est
pour qu'il continue l'étude de la lanque allemande en vue de
l'obtention d'un certificat d'aptitude à l'enseignement de
cette
langue, ou même le lycée d'Alger. Sa demande est
appuyée favorablement par le recteur d'académie
mentionnant que Théophile
"s'est fait
avantageusement apprécier à Dieppe par son
enseignement comme par sa conduite".
En mars, Théophile
réitère sa demande, en spécifiant
qu'il
désirerait la chaire d'anglais du futur lycée de
Vesoul,
en Haute Saône, qui doit être ériger
bientôt,
cela lui permettrait de se rapprocher de l'Allemagne et de la partie de
France qu'il n'a quitté que pour enfin commencer sa
carrière.
Le 26 juin, par arrété ministériel, Théophile
obtient son premier poste de professeur d'Anglais en lycée,
ce
sera au lycée Impérial de Fontanes de la ville
Niort,
dans les Deux-Sèvres, ce lycée fut ouvert le 1er
octobre précédent. Théophile
accuse réception de cette
nomination le 10 juillet et arrive audit lycée pour sa prise
de
fonction le 15.
|
Théophile, pensant
n'obtenir un changement de poste qu'après les
vacances; part seul sur Niort prendre son poste, laissant sa
femme
souffrante à Dieppe. Pour cette raison, dès le
17, il demande auprès du ministère une
indemnité pour frais de déplacements en donnant
pour
motifs : "j'ai donc du
partir seul,
ma femme étant très souffrante, et je serais
forcé
de retourner à Dieppe, aussitôt l'année
terminée, pour rêgler des affaires que mon
départ
si inattendu m'a forcé de négliger et que la
mauvaise
santé de ma femme l'empêche de surveiller ; ce qui
m'obligera à faire trois fois le voyage..."
Le 1er mai 1863, Théophile
demande le poste de professeur d'anglais du lycée de Limoges
en
Haute Vienne, le sachant vacant. Il obtient le poste dès le
18
mai. Il part de suite pour Limoges, laissant sa femme à
Niort.
Aussitôt arrivé en poste, Théophile
reçoit un télégramme lui indiquant que
sa femme Sarah Ann
est "dangereusement
malade", il obtient début juin un
congé exceptionnel pour la rejoindre.
De retour à Limoges, sa propre santé n'est pas au
beau fixe, on apprends que Théophile
est "faible de poitrine"
et que la région ne lui convient guère. En
février
1864, il demande un congé sans traitement qu'il obtient par
arrété ministériel du 13, il rentre
sur Niort
où sa femme était restée. A cette
époque
ils vivent dans le quartier de la Tour Chabot.
Le 7 septembre, Théophile
demande au ministère le poste de professeur d'anglais du
lycée de Pau, en justifiant que le climat lui serais plus
favorable que celui de Limoges, ou au pire de lui accorder de nouveau
le poste au lycée Fontanes à Niort, où
"des circonstances
inattendues l'ont rendu propriétaire de biens assez
considérables".
Le 12 octobre, il est nommé en poste au lycée
d'Auch dans le Gers pour la rentrée en date du 24.
A la fin de l'année scolaire en septembre 1865, l'inspecteur
d'académie de Toulouse apprécie Théophile
de la façon suivante "ce
maitre est bien jeune et l'on doit espérer que
l'expérience et que l'habitude de l'enseignement venant
à
son aide, il acquiera les qualités qui lui font encore
défaut'.
Début octobre, Théophile
demande au ministère la chaire d'anglais du lycée
de
Toulouse, dont le poste va être vacant, de plus
Théophile
mentionne qu'il vient de passer les épreuves de
l'aggrégation. Sur cette demande, on apprends que Théophile
et sa femme vivent toujours à la Tour Chabot à
Niort.
Quelques jours plus tard, le ministère le nomme au
lycée
de Lyon dans le Rhône pour la rentrée de fin
octobre.
Durant l'année 1866, Théophile
obtient l'agrégation d'anglais et la licence ès
lettres en 2e position.
Pendant son passage au lycée de Lyon, le recteur
d'académie trouve Théophile
"gentleman,
timide et avec une
froideur anglaise".
Le 10 septembre, Théophile fait part au ministère
de sa
crainte d'une nomination dans un lycée du Nord suite
à
l'obtention de son agrégation et de sa licence, et demande
donc
soit de le laisser en poste à Lyon soit un poste sur
Toulouse.
Le 22 septembre suivant, Théophile
ayant appris la vacance de poste de professorat au lycée de
Nice, il en fait la demande auprès du ministère
en
justifiant sa demande "que
le climat de Nice conviendrait tout spécialement
à la santé de sa femme",
et que si son poste à Lyon n'était pas
renouveller, ni un
poste à Toulouse, le poste de Nice lui conviendrait.
Pour les années scolaires 1866-1867 et 1867-1868, Théophile
reste en poste au lycée de Lyon avec le titre de professeur
divisionnaire d'anglais.
Début 1868, il demande son retour au lycée
Fontanes de
Niort, il obtient le poste pour la rentrée après
les
vacances de Pâques, par arrété
ministériel
du 6 avril.
Là, le couple va "enfin" rester sans mutation pendant 7 ans !
Durant ces années, le couple vit Rue de Ribray à
Niort.
Pour le recensement de population de 1872, on apprends que le couple
vit avec une nièce native de Paris, Céleste COYRIERE âgée
de 11 ans et une domestique Eugénie
BERGER 31 ans, née au Busseau dans les
Deux-Sèvres.
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Recensement de Population
de la ville de Niort en 1872 |
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A cette même époque, Jean
CAQUINEAU et
son épouse Véronique
MITTARD,
sont éclusiers à la Tiffardière de St
Liguaire
à quelques kilomètres de la rue de Ribray. Leur
fille Françoise,
âgée de 17 ans, est servante à Niort, rue de la
gare, chez Elina BASTARD,
veuve BRANGER, rentière
de 38 ans avec deux adolescents, de 15 et 12 ans, en charge.
C'est donc entre 1872 et début 1875, que le couple EAST prends comme
domestique Françoise
CAQUINEAU !
A SUIVRE ...
© 2015
Frédéric PONTOIZEAU